LA TOUSSAINT SANGLANTE
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Le premier novembre 1954, c’est la guerre ! les premiers attentats.Ce que peu de gens savent, mais les Ouillissiens, eux, ne l’oublierons jamais, c’est que la Guerre d’Algérie a commencé à Ouillis. (cf "La guerre d'Algérie, film d'Yves Courrière et Philippe Monnier). Nous sommes le Dimanche 31 octobre 1962, le lendemain Lundi est férié, c'est la Toussaint. Des coups de feu retentissent dans la nuit, et très vite le calme qui revient, on a été réveillé, on se rendort en pensant qu’il s’agit d’un incident sans importance. C'est Monsieur SERVERO, le Garde Champêtre qui a mis en fuite des individus qu'il a pris pour des bandits, sans comprendre, sur le coup, pourquoi ils s'en prenaient au Transformateur électrique. En fait, leur projet avorté grâce à l'intervention courageuse du Garde Champêtre, était de faire sauter le transformateur, ce qui aurait eu pour effet de priver Ouillis de courant, mais également Bosquet et Cassaigne.

Au matin, par la radio, on apprend ce qui c’est passé ici et ailleurs en Algérie. Les commentaires vont bon train, il y a des morts, mais il s’agit d’une révolte comme le pays en a connu par le passé, qui ont toutes été réprimées. C’est d’ailleurs la première fois qu’on en parle, à l’école, les programmes ne vous enseignent pas l’histoire de l’Algérie. A l'école, on apprend l’histoire de France, sans jamais d’allusion au pays dans lequel nous vivons. Personne, non personne, n’imagine un seul instant que c’est une guerre qui commence et qui se terminera huit ans plus tard par notre départ, l’indépendance de l’Algérie, le chaos et des milliers de morts. Le premier mort de la Guerre d’Algérie est tombé à Cassaigne, devant la porte close de la Gendarmerie ! La guerre fait sa première victime  Laurent FRANCOIS.

Laurent FRANCOIS, 22 ans,  et un ami, Jean François MENDEZ  reviennent de Mostaganem vers Picard d’où ils sont originaires. Il est environ minuit. Ils empruntent la route qui passe par Cassaigne. Ils roulent tranquillement lorsque soudain, à la sortie de Ouillis en direction de Cassaigne, ils aperçoivent un homme en sous-vêtements, en bordure d’une rangée de vignes. L’homme, il s’agit de Mr MIRA, le gérant de la ferme MONSONEGO qui leur fait des grands signes. Il leur crie d’aller chercher du secours. Des coups de feu résonnent dans la nuit ; le pare-brise de la 4 CV vole en éclats ainsi que la vitre de la portière du côté de Laurent qui est légèrement blessé. Ils vont avertir la gendarmerie de Cassaigne. Ils arrivent en trombe sur la petite place devant la gendarmerie. Le véhicule est à quelques mètres de l’entrée. Ils sont, en pleine lumière devant l’immense porte imposante ils se mettent à tambouriner, à hurler, à tirer sur la chaîne qui actionne la cloche, personne ne répond.

Soudain des coups de feu ; Laurent FRANCOIS s’écroule son compagnon appelle au secours mais personne ne répond. Il part donc chercher du secours, un garde et un passant le conduisent chez le Docteur GUILBERT qui a été réveillé par tout ce bruit. Il se rend immédiatement au chevet du blessé. Ils sont devant la gendarmerie et cognent à nouveau à la porte d’entrée, actionnent les klaxons des voitures, quand, enfin la porte s’ouvre et deux gendarmes apparaissent !

Jean François MENDEZ dans son récit tranmis par Régis GUILLEM  précise, scandalisé « Les gendarmes ont réveillé tout le monde ; même les chiens dormaient ! » et il poursuit « Le docteur qui a fait un premier diagnostic, qui n’est pas très rassurant, demande aux gendarmes d’avertir les autorités. Les gendarmes se mettent au travail mais il n’y a plus de téléphone. Toutes les lignes téléphoniques ont été coupées. Le seul contact reste la radio ; il est presque 2 heures du matin. Il faudra attendra l’heure de vacation avec la gendarmerie de Mostaganem. »

Malgré les efforts du chauffeur de l‘Administrateur qui le conduit dans un fourgon qui fait office d'ambulance, Laurent FRANCOIS succombe avant même son arrivée à l’hôpital de Mostaganem.

Quelques jours plus tard, l’Echo d’Oran rend compte de cet attentat sous le titre

« MOSTAGANEM - Assassinat de Laurent François »

Laurent FRANÇOIS, conducteur du véhicule, et Jean-François MENDEZ, son compagnon de route, revenaient d’un bal de Mostaganem et rentraient à Picard; sur leur route ils étaient arrêtés par monsieur MIRA - gérant de la ferme MONSENEGO - qui leur demanda d’alerter la gendarmerie car il était attaqué. Des coups de feu claquèrent alors mais sans les atteindre. Laurent François et Mendez Jean-François se précipitèrent donc vers Cassaigne et venaient donner l’alerte à la gendarmerie. Laurent François sonnait au portail d’entrée et tous deux attendaient qu’on leur ouvre ; ils étaient éclairés par l’ampoule électrique allumée au-dessus du portail qui faisait d’eux une excellente cible pour les tireurs embusqués. Deux coups de feu : Laurent FRANÇOIS s’écroula, mortellement atteint d’une balle à la nuque ; Jean-François MENDEZ s’affaissa mais n’était pas atteint par la balle qui allait s’écraser près d’une meurtrière dans le mur de la gendarmerie. Un troisième coup de feu fût tiré sans atteindre sa cible.

Une première victime civile de 22 ans s’inscrivait sur la liste de milliers d’autres au cours de cette guerre.

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Mise à jour : 29/02/2008