LA FAMILLE SEVA
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0195     Antoine et Eugénie SEVA    Photo CS

Avec les souvenirs et la participation de Christiane SEVA

La doyenne de la famille SEVA est Béatrice, la Grand’Mère. Elle a eu cinq enfants dont deux sont morts à la guerre de 1914-1918, il reste une fille, Antoinette qui vit avec elle et deux garçons : Nini, l'aîné et Antoine le Benjamin.

Antoine a épousé Eugénie, fille de Madame ROTTE ( prononcer é), qui vit aussi à Ouillis, derrière l’Eglise. Ils ont cinq enfants.

Les deux frères SEVA sont Maçons, Antoine dirige même une petite entreprise de maçonnerie, il a quelques ouvriers, dont LARBI, son fidèle presque chef de chantier, mais qui, malade, l’abandonne dans les dernières années et Abdallah le chauffeur du camion, l’homme de confiance qui vous fait traverser Tijditt sans aucun souci, rappelle Christiane qui poursuit «  à un moment critique des évènements, mon père l’avait envoyé nous chercher au lycée que nous devions évacuer. La Directrice ne voulait pas nous laisser partir avec lui, mais nous l’avons rassurée, tout s’est bien passé. »

Nini, avec son fils Roland maintient son activité professionnelle à un stade plutôt artisanal.

Le travail ne manque pas à Ouillis, et Antoine s'est spécialisé dans les gros chantiers, il a, sans le dire, laissé une part du marché à son frère. Sans le reconnaître non plus, Antoine est un homme très fier, et la fierté, parfois, vous interdit de montrer toutes vos qualités, toutes les facettes de votre cœur. Antoine est fier et généreux, deux qualités qui ont tendance, parfois, à se contrarier.

Il faut bien dire qu'il a quelques raisons de fierté, il a vraiment réussi sur le plan professionnel : on fait appel à lui pour construire la Mairie, qui reste encore un chef d’œuvre, cinquante ans après, quand je la revois en 2005. Il refait le clocher de l'Eglise, il bâtit des villas cossues, les plus imposantes et les plus belles du village, villa GUILHON et MENDOZA, il réalise enfin dans les dernières années, la Gendarmerie, à l'entrée du village. Bref, Antoine SEVA est un bâtisseur, il a créé une partie du village. Ce village que nombre de passants trouvent beau, sans savoir que c’est à lui, qu’en grande partie, on le doit.

Christiane, la plus jeune des filles raconte que lors de la réfection de l'Eglise, son père "avait dressé un coffrage autour du clocher pour que les cigognes puissent nicher, parce que tous les ans, elles s'évertuaient à faire leur nid, mais il ne tenait jamais."

A la réussite professionnelle, s'ajoute la réussite familiale. Suzy l'aînée est déjà presque une adulte quand nous ne sommes que des enfants, elle est sérieuse. Elle assure auprès de sa mère un rôle d'auxiliaire pour élever les plus petits, elle a donc besoin d'exercer une certaine autorité qui la rend encore plus grande et respectable à nos yeux. René le second est le grand frère, il me précède au lycée et me sert de modèle, tant son intégration dans cet internat est réussie. Gilbert qui a le même âge que moi, et, Gisèle qui le suit de peu sont de la bande que nous formons, enfin Christiane est la plus jeune. Ses parents sont en admiration devant cette petite fille blonde et gracieuse à qui ils ne refusent rien.

Gilbert SEVA est un garçon dynamique et débrouillard. Outre ses qualités d'élocution du latin qui en font un des préférés de l'Abbé Weber, il sait tout faire de ses mains, il pêche, il chasse, il est même un peu batailleur et, en tout cas, toujours le plus courageux d'entre nous, il est bon en toute discipline sportive : vélo, football, boules. Chacun préfère être son partenaire plutôt que son adversaire. En classe, j'arrive à le devancer, mais, c'est bien le seul endroit où il ne s'impose pas en tête de la petite troupe que nous formons.

Antoine et Eugénie SEVA ont un point commun avec mes parents, ils nous poussent à réussir là où les contraintes de la vie (mon père a été orphelin à onze ans !) les a obligés à renoncer : les études. Les cinq enfants SEVA iront au lycée en sixième, Suzy l’année de l’arrivée des BENKEMOUN et Christiane l’année de leur départ.

Nini, de son côté, a épousé Jeannette, il a trois enfants, Eliane qui a épousé l’un des fils LEYDET, André dit Dédé futur secrétaire de mairie et Roland, qui fait aussi le maçon et qui est le meilleur ami de mon père.

Passionné de football comme lui, il ne passe pas une seule fois devant chez nous sans venir échanger quelques propos footbalistiques avec mon bourrelier de père. Là se font et se défont les grandes équipes du moment. A défaut de refaire le monde, Germain et Roland, parfois assistés de quelque passant désoeuvré, redessinent les contours de la planète football.

 

Depuis quelques jours, Roland se plaint de ce qu’il croit être un épouvantable mal de dents. Les cachets d’aspirine qu’il avale sont sans effet. C’est en réalité la mâchoire qui se contracte douloureusement. Puis les contractures touchent d’autres muscles. Le voilà contraint d’aller jusqu’à Mostaganem pour consulter un médecin.

Et là, le diagnostic tombe, stupeur dans le village : c’est le Tétanos !

Roland est immédiatement hospitalisé. Cette maladie est relativement rare, elle est très grave, mortelle pour tout dire. Tout le village entoure Nini et son épouse, on les conduit à Mostaganem pour rendre visite à leur fils, on les encourage, même si, il faut bien le dire, on n'y croit guère. On se mobilise, on voudrait aider, participer. On apprend que, sur intervention généreuse d’Yvou ROUVE,  les médecins ont fait venir un remède, par avion, ce qui a pour effet de confirmer la gravité de l’état de Roland, par avion ! mais en même temps de faire naître et entretenir un espoir de guérison.

Les jours passent.

On suit quotidiennement l’état de santé de notre malade, une amélioration sensible se fait sentir progressivement. Au grand soulagement général, le traitement fait totalement son effet. Roland se rétablit donc lentement, jusqu’au jour où, enfin, il peut rentrer au village, en héros. Chacun se presse pour l’accueillir affectueusement.

La maladie de Roland restera dans toutes les mémoires, elle fait mieux que toutes les campagnes de communication : Ouillis ne se fera, désormais, pas prier pour se faire vacciner contre cette terrible maladie qui a failli emporter l’un de ses enfants.

Mon père est heureux de retrouver son ami, avec lequel il va pouvoir reprendre ses discussions enflammées, car Roland a quand même pu suivre, au fil de sa guérison, l’actualité du football, à Mostaganem on peut se procurer les journaux « L’Equipe » et « France Foot-ball », il en a ramené plusieurs exemplaires, ainsi que, pour moi, « le Miroir du Cyclisme » car il connaît, et partage, ma passion du vélo.

 

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