L'ABBE WEBER, UN CURE DE CHOC(S)De nationalité luxembourgeoise, le Curé WEBER habite Lapasset, il a rejoint son pays après l'indépendance. Sa spécialité : les accidents d'auto. Artiste et « casse cou » le curé Weber assure ses offices au pas de charge, la messe ne dure pas plus d’une demie heure et on doit sonner les cloches dès que son automobile apparaît au bout de la ligne droite qui mène à Bosquet. Il la parcourt en quelques secondes et arrive à fond de train. Il prend un virage serré devant la place de la Mairie et freine devant l’Eglise dans un nuage de poussière que les paroissiens endimanchés laissent se dissiper avant d’aller saluer leur curé. Les arabes massés tout au long de la rue de l’Eglise où se trouve le Café maure, préviennent les passants : « Balek el marabout !» et chacun dégage la chaussée pour le laisser passer. Dans la semaine, souvent le jeudi, qui est, à l'époque le jour de repos scolaire, Il organise des concours de récitation : l’épreuve se déroule au bord du bassin qui jouxte le bordj ou habite Mr SERVERO, le garde champêtre, il faut réciter le plus vite possible, et, bien entendu, de manière intelligible (surtout la fin) le « Confiteor » en latin évidemment. Le postulant enfant de cœur qui en sort vainqueur servira la messe le Dimanche suivant. Eventuellement les mariages, enterrements ou baptêmes, qui sont cependant assez rares, mais beaucoup plus intéressants pour les enfants de choeur. Gilbert SEVA est, incontestablement le meilleur dans cet exercice. C’est donc lui qui agite la sonnette, pendant la messe et commande les mouvements de foule: assis, debout, à genoux, parfaitement synchronisés qui font l’admiration de monsieur le curé occupé à vider le contenu de ses burettes derrière l’autel, d’un geste sec qui ajoute à la précipitation de la cérémonie. Aimé de tous, y compris, bien sûr, des arabes du village, c’est aussi un artiste (voir l’article de l’Echo d’Oran). Il s’arrête toujours pour prendre les auto stoppeurs qui ne manquent pas au village en direction de Mostaganem, mais bien souvent, ceux-ci déclinent l’invitation de ce curé un peu « mahbout » (prononcer ma .. heu guttural .. bout), c’est-à-dire un peu fou. D’ailleurs aucun d’entre nous, n’a l’autorisation des parents de monter dans sa voiture. Il le sait et s’en amuse. Un jour, sur la route de Mostaganem, il arrive à toute allure derrière un camion chargé de raisin qui monte péniblement la côte du Djebel Diss. Perdu dans ses pensées, il oublie de freiner et s’encastre dans l’arrière du camion. On nous le ramène à Ouillis où il célèbre la messe, le visage orné d’un superbe pansement qui dissimule un belle bosse et une estafilade sur le front. La voiture est inutilisable, les Colons des paroisses qu’il dessert se cotisent immédiatement, et la semaine d’après il arrive au volant d’une superbe Peugeot tout neuve … qui finira dans un fossé après deux ou trois tonneaux ! Il est à nouveau indemne. Tout le monde est convaincu qu’il bénéficie d’une protection mystérieuse. Quand on lui en fait la remarque, il lève les yeux au ciel, arbore un grand sourire et vous explique qu’il est, en réalité un excellent pilote automobile, qu’on ne risque rien à l’accompagner, d’ailleurs il n’a jamais provoqué d’accident corporel … à autrui … ce qui est parfaitement exact ! Lire également au Chapitre "Les Ouillissiens ont du talent" le page consacrée à l'Abbé Weber Mise à jour le : 29/02/2008 |